Dimanche 6 décembre 2020

Saint Alexandre de la Neva

Après-fête de la Présentation au Temple de la Mère de Dieu

 

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit,

Vendredi dernier, c’est à dire avant-hier, nous avons célébré la fête de la présentation au Temple de la Très Sainte Mère de Dieu.

Ce jour-là, les parents, Joachim et Anne, conduisent leur fille Marie dans l’Église.

Ils accomplissent le vœu, qu’ils ont prononcé devant Dieu avant la naissance de leur fille : celui de consacrer Marie, entièrement, à Dieu.

Ce jour-là, Marie pénètre dans l’Église, à travers le parvis ; puis elle entre dans une grande salle ; elle monte plusieurs marches d’escalier et arrive enfin dans le saint des saints, où personne n’a le droit d’entrer, à l’exception du grand prêtre, une fois dans l’année.

A cet instant, tout le monde s’en étonne mais personne ne décide d’arrêter l’enfant dans son cheminement, ni les hommes, ni même les anges.

Nous sommes alors les témoins que les deux parents apportent, en guise d’offrande, leur enfant bénie auprès de Dieu.

Ils conduisent leur fille dans l’Église, ils se séparent d’elle, alors qu’ils ont tant désiré avoir un enfant, pendant de longues années.

Déjà avant la naissance de Marie, ils ont promis à Dieu de consacrer leur enfant à Dieu, si leur prière était entendue et exaucée.

Ils n’ont pas désiré leur enfant pour eux-mêmes ; non, ils ont prié pour cet enfant afin d’accomplir le dessein du Créateur. C’est évidemment un enseignement pour chacun d’entre nous : chaque enfant qui naît et qui vient au monde, il vient dans ce monde pour la gloire de Dieu et pour l’accomplissement ou la réalisation du plan de Dieu. Ce n’est pas seulement pour le bonheur de ses parents.

Marie pénètre dans l’Église et se prépare à devenir le Temple du Seigneur. Précisément par le Saint Esprit, le Verbe de Dieu prend chair et s’incarne en elle. Alors, Marie, à travers cet enfantement et cette inhabitation, devient le Temple du Saint Esprit.

Justement, ce que Marie a atteint dans sa vie, de mettre au monde Jésus, le Fils de Dieu, nous sommes appelés à le réaliser, autant que possible, dans notre propre vie.

Oui, c’est bien là notre vocation en tant que chrétiens orthodoxes : devenir, pour chacun d’entre nous, la Maison de Dieu, le Temple de sa grâce.

Souvenons-nous des mots de cette prière que nous prononçons plusieurs fois dans la journée et que nous entendons au début de chaque divine liturgie :

« Roi du Ciel, Consolateur, Esprit de vérité (…) viens et fais ta demeure en nous … ».

L’Église – c’est toute la sagesse de nos Pères de l’Église qui ont composé nos offices et qui ont positionné les fêtes dans l’ensemble du calendrier liturgique, avec une grande pédagogie – a placé cette fête de la présentation au Temple de la Mère de Dieu, au début de la période qui nous conduit à la célébration de la fête de la naissance du Christ.

Dans un mois très exactement, à un jour près, nous allons fêter la naissance du Christ. Comme le peuple d’Israël attendait le Messie, Marie réalise, dans sa propre personne, l’attente du Fils de Dieu. En mettant au monde Jésus, elle accomplit la promesse faite par Dieu à son peuple élu dont nous faisons partie depuis notre baptême.

Aujourd’hui, nous comprenons beaucoup mieux les mots de ce chant inspiré, si souvent entendu dans l’Eglise, au cours des offices :

« Toi, plus vénérable que les chérubins et plus glorieuse, sans comparaison, que les séraphins, toi qui, sans corruption, as enfanté Dieu le Verbe, toi véritablement Mère de Dieu, nous te magnifions ».

Lorsque deux parents vont mettre un enfant au monde, ils se concertent longuement avant de prendre une décision importante quant au choix du prénom à conférer à l’enfant nouveau-né qui va naître, dans quelques semaines ou dans quelques mois. C’est donc, à chaque fois, un acte solennel et mûrement réfléchi et médité.

Lorsque ces parents décident d’appeler leur fille Marie, il y a là un acte particulier. En effet, Marie, Mère de Dieu, incarne, pour nous et bien sûr pour l’Église, la patience, l’attente, le travail dans l’ombre, le dévouement, l’obéissance, la pureté, la consécration à Dieu, la prière. Il faut être tout particulièrement attentifs lorsque nous sommes amenés à rencontrer, dans notre entourage, dans notre milieu et dans notre communauté, des enfants qui portent le prénom de Marie, car les parents de ces enfants, à travers ce choix du prénom, ont, sans doute, accompli, plus ou moins consciemment, un geste d’offrande au Seigneur.

Amen.

higoumène Alexis