Dimanche 24 janvier 2021

dimanche après la Théophanie 

(Mt 4 ; 12-17)

 

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit,

 

« Jésus, ayant appris que Jean avait été livré, se retira dans la Galilée.

Il quitta Nazareth, et vint demeurer à Capernaum, située près de la mer, dans le territoire de Zabulon et de Nephtali » (Mt 4 ; 12-13).

Nous, les fidèles, qui désirons modestement devenir des chrétiens orthodoxes, nous devons apprendre à changer de place ou d’endroit, marcher sur un autre chemin, en silence, en acceptant que la volonté de Dieu s’accomplisse.

Le disciple du Seigneur, c’est celui qui essaye de ne pas se fâcher, de ne pas disputer, encore moins de se battre, en veillant à conserver précieusement la grâce divine qui nous a été conférée et qui nous est sans cesse accordée, à condition de s’en apercevoir avec les yeux du cœur.

« Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère est passible de jugement… » (Mt 5, 22).

« Dès lors, Jésus commença à prêcher, et à dire : Repentez-vous … » (Mt 4,17).

Nous les fidèles, nous devons apprendre aussi à nous repentir, chaque jour, autant de fois que nécessaire.

La venue du Royaume de Dieu, en nous, dépend de la façon dont nous l’accueillons par notre préparation, par notre pureté intérieure et, bien sûr, par notre repentir.

Mais que signifie, vraiment, le fait de se repentir ? Se repentir, c’est changer, c’est transformer, c’est retourner son esprit, c’est poser un regard différent sur les choses et sur les personnes que nous rencontrons au quotidien, c’est passer par une nouvelle naissance.

Et puis, se repentir suppose de purifier son cœur, pour voir Dieu. Nous connaissons bien cette béatitude puisque nous la chantons au cours de chaque divine liturgie et que nous pressentons qu’elle contient, en germe, un enseignement profond et juste :

« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! ». Il serait d’ailleurs plus correct et plus exact de donner cette traduction : « Heureux ceux qui sont purs de cœur, car ils verront Dieu ».

Enfin, se repentir signifie de renouveler et de changer le vêtement de notre âme.

Le jour de la fête de la Nativité du Christ (il n’y a donc pas si longtemps), nous avons entendu cette parole tirée de l’évangile selon saint Mathieu :

« Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin » (Mt 2,12).

Dès lors que, comme les mages, nous avons rencontré Jésus et que nous L’avons reçu comme le Christ, nous prenons la résolution de ne plus vivre comme avant, de ne plus marcher sur le même chemin, d’établir une relation différente avec ceux qui nous entourent.

« Dès lors, Jésus commença à prêcher, et à dire : Repentez-vous, car le Royaume des cieux est proche » (Mt 4,17).

A partir de maintenant, et même depuis que le Fils de Dieu s’est incarné et qu’Il est entré dans notre histoire ainsi que dans notre vie quotidienne, le Royaume de Dieu s’est rapproché de nous.

Mais ce rapprochement ne doit pas être compris comme se rapportant au temps ou bien à l’espace. L’Évangile nous parle sans cesse et nous expose des vérités éternelles.

Le Royaume de Dieu est devenu plus proche de nous, parce qu’il est en nous ou encore parce qu’il demeure en nous depuis le jour où nous avons été baptisés dans l’Église : à cet instant, la grâce du Saint Esprit s’est introduite dans notre cœur et, maintenant, elle est ancrée en nous, dans notre intérieur.

Jésus Lui-même nous a enseignés cela, dans l’Évangile :

« Les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur répondit : Le Royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards.

On ne dira point : Il est ici, ou : Il est là. Car voici, le Royaume de Dieu est au milieu de vous » (Lc 17 ; 20-21).

A partir de maintenant, pour chacun d’entre nous, tout se passe à l’intérieur de nous, sur l’autel de notre cœur : la lutte, le combat, l’effort, le jeûne, la prière, l’épreuve, la tentation, etc.

Jésus nous a laissé un autre enseignement dans l’Évangile :

« Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui souille l’homme. (…).

Ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est ce qui souille l’homme.

Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les débauches, les vols, les faux témoignages, les calomnies » (Mt 15 ; 11-19).

Nous sommes, aujourd’hui, le dimanche après la Théophanie.

Mardi dernier, lors de cette grande et belle fête de la Théophanie, à la fin de la grande bénédiction des eaux, nous avons puisé de l’eau dans l’un des deux baptistères et nous avons ramené cette eau dans nos maisons et dans nos appartements, afin de pouvoir bénir et sanctifier le lieu quotidien de notre habitation.

En cette période marquée par le télétravail et, en ce moment, par un couvre-feu sévère, nous sommes tentés de nous mécontenter et de nous révolter, parce que nous ne pouvons pas sortir en toute liberté. Certes.

Nous pouvons nous en plaindre, nous pouvons vivement le déplorer, il faut pourtant l’accepter de bon gré et essayer d’en tirer une certaine sagesse de vie.

Cette restriction doit nous encourager et nous inciter à faire de notre demeure une petite église en miniature.

La tradition orthodoxe nous rappelle que la famille constitue une petite église.

Mais notre logement peut aussi et doit même devenir, petit à petit, une petite église. C’est là que nous pouvons prier, méditer, jeûner (on parle, ici, du jeûne des yeux et des autres sens), se poser, se reposer, se concentrer, lire, se ressourcer, retrouver des forces, y puiser de l’énergie, etc. loin du bruit, des images, de la publicité, de la foule et des tentations de toutes sortes.

Lorsque nous devons quitter notre logement, nous ne devons pas hésiter à nous signer devant une icône, à nous asperger d’eau bénite et à nous en remettre à la volonté de Dieu, afin que le Seigneur nous protège et qu’Il nous garde, en toutes circonstances.

Amen.

higoumène Alexis