38ème dimanche après la Pentecôte

 Dimanche du fils prodigue

(Lc 15 ;11-32)

 

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit,

 

« Etant rentré en lui-même, il dit : moi, ici, je meurs de faim !

Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils » (Lc 15 ; 17-18).

Le fils prodigue, il rentre en lui-même, il s’interroge, il cherche une issue pour sortir de cette mauvaise situation.

Pour lui, c’est le début d’une conversion, d’un changement, d’un retour vers Dieu.

Voilà comment cela se passe pour chacun d’entre nous : pendant le temps de l’épreuve, des difficultés, du malheur, de la souffrance, lorsque nous rentrons en nous-mêmes, nous nous tournons vers Dieu.

En tant que chrétiens orthodoxes, nous ne sommes pas chez nous dans ce monde matériel et terrestre, nous sommes des étrangers sur terre.

Nous cheminons sur terre, nous sommes en mouvement, notre patrie c’est le royaume des cieux, nous avons le désir d’une autre vie, d’une autre réalité, d’une autre relation.

« Combien d’employés chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !

Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi » (Lc 15 ; 17-18).

Le plus jeune fils, il rentre en lui-même et il comprend qu’il a souillé sa beauté spirituelle, que Dieu lui a donnée à l’origine, en particulier le jour de son baptême dans l’église.

Il comprend qu’il s’est éloigné de la vie véritable, de la maison du Père.

Il comprend qu’il a perdu quelque chose de pur et de puissant dans son cœur.

Le plus jeune fils a découvert quelque chose en exil, à cause de son éloignement :

« Bienheureux ceux qui sont purs de cœur, car ils verront Dieu » (Mt 5,8).

Le plus jeune fils, il a reçu le don de la vie de la part de Dieu, lorsqu’il est venu au monde. Puis, le jour de son baptême dans son église, il a reçu le don de l’Esprit Saint.

Mais vivant de façon dissipée, il a perdu ces dons précieux.

Il s’est détourné de l’amour envers Dieu, il s’est détourné de la beauté de la maison de Dieu, il a perdu la pureté du cœur, cette pureté qui donne à chacun l’accès vers le royaume de Dieu.

Voilà ce qui se produit pour chacun d’entre nous, lorsque nous vivons loin de l’Eglise, loin des sacrements, loin de la prière.

Voilà ce qui arrive pour chacun de nous, quand nous vivons dans le péché, dans la colère, dans la dispute, dans le mépris ; en dehors de la douceur, de la patience, de l’humilité et de l’amour.

Le grand carême, c’est la possibilité de trouver et de retrouver le chemin qui nous sauve et qui nous permet, de nouveau, de retourner vers la maison de Dieu.

Hier soir, pendant l’office des matines, juste après le chant du polyéléos, nous avons entendu le chant du psaume 136.

C’est un psaume triste et nostalgique, c’est le psaume de l’expulsion, le psaume de l’exil ; les Juifs le chantaient pendant le temps de leur captivité à Babylone :

« Sur les rives du fleuve de Babylone, là-bas, nous étions assis et nous pleurions, lorsque nous nous souvenions de Sion.

Sur les saules, au beau milieu, nous avons suspendu nos harpes.

Car, là-bas, ceux qui nous ont envoyés en captivité nous ont demandé les paroles des chants ; et ceux qui nous ont menés ici des chants : chantez pour nous des cantiques parmi les chants de Sion.

Comment chanterons-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ?

Si je t’oublie, Jérusalem, que ma droite soit oubliée.

Que ma langue colle à mon gosier si je ne me souviens pas de toi, si je ne mets pas Jérusalem au commencement de ma joie ».

Le grand carême, c’est la possibilité de découvrir et de comprendre que notre vie représente un pèlerinage, un chemin vers le royaume des cieux.

Le monde terrestre, dans lequel nous vivons au quotidien, ne constitue pas notre patrie.

Ce monde est mensonger, hypocrite, trompeur et passager – il va disparaître.

N’oublions pas que notre âme est immortelle.

Amen.

higoumène Alexis