dimanche 7 avril 2024

troisième dimanche du grand carême

dimanche de la croix

fête de l'Annonciation

 

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Aujourd’hui, en ce troisième dimanche du grand carême, nous célébrons à la fois l’Annonciation de la très Sainte Mère de Dieu et le dimanche de la vénération de la Croix du Seigneur.

L’évangile, selon saint Luc, raconte l’Annonciation de la très Sainte Mère de Dieu, c’est-à-dire l’annonce faite à Marie par l’ange Gabriel qu’elle va mettre au monde un enfant qu’elle appellera Jésus.

Ainsi, saint Luc nous révèle le mystère le plus grand de notre foi : l’Incarnation de Dieu, l’événement de Dieu fait homme ou devenu chair.

La mort de Jésus est aussi un très grand mystère pour nous chrétiens. L’évêque Basile Krivochéïne a écrit que, pour notre conscience théologique orthodoxe, la mort volontaire du Christ sur la croix représente un mystère inexprimable.

Il a ajouté que le sens de ce mystère ne peut être exprimé complètement et avec exactitude dans le langage humain ni dans les catégories de pensées humaines.

Pour la raison humaine, non éclairée et non illuminée par la grâce, la Croix du Seigneur est inacceptable, elle représente une folie – mais, pour nous croyants, la Croix du Christ est une force divine invincible.

___________________________________

L’Incarnation de Dieu, c’est la rencontre entre la volonté des trois personnes de la Trinité et l’acceptation de Marie au nom de l’humanité. C’est elle qui prononce cette parole dans l’Évangile :

« Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole » (Lc 1,38).

Marie a accepté d’être le moyen devant permettre l’Incarnation de Dieu mai elle n’a pas cherché à en tirer ni gloire ni honneur.

Elle s’est présentée devant Gabriel, l’ange du Seigneur, comme l’humble servante.

Le mystère de l’Incarnation de Dieu a été l’œuvre commune de la volonté de Dieu et de la foi de la Vierge Marie. C’est donc que ce grand mystère a été accompli par une libre coopération de l’humanité au dessein de Dieu.

____________________________________

Au contraire, en ce troisième dimanche du grand carême, le mystère de la Croix nous rappelle que nous avons accepté de porter notre croix, autour du cou, en renonçant à notre propre volonté.

Aujourd’hui, la sainte Croix a été posée sur un lutrin, au milieu de l’église, et celle-ci est proposée à la vénération des fidèles pour nous rappeler les paroles du Christ dans l’Evangile :

« Celui qui ne prend pas sa croix et qui ne me suit pas n’est pas digne de moi » (Mt 10,38).

Comment peut-on renoncer à sa propre volonté ? Comment lutter contre soi-même ? Eh bien, il faut commencer par de petites choses, il faut chercher à vaincre nos petites faiblesses.  C’est, par exemple, les petites gourmandises, le bavardage, la curiosité, etc. Il faut s’efforcer de se persécuter soi-même mais doucement. L’Eglise orthodoxe nous enseigne de toujours agir modérément.

Selon les paroles de saint Macaire le Grand, le fidèle est sans cesse invité à rejeter les convoitises de ce monde, ses distractions et ses plaisirs, puis à garder le Seigneur seul devant ses yeux, en désirant garder ses commandements.

C’est par notre propre volonté que nous sommes empêchés d’entrer dans le Royaume de Dieu. La vénération de la Croix du Seigneur, au milieu de l’église, nous aide justement à renoncer à notre propre volonté.

 ____________________________________

 

La fête de l’Annonciation de la très Sainte Mère de Dieu est toujours célébrée le vingt-cinq mars, au cours du printemps, pendant le grand carême. C’est l’une des douze grandes fêtes de l’année.

Cette fête de l’Annonciation, en principe, n’est pas reportée, même si elle tombe pendant la grande et sainte semaine de la Passion.

C’est le seul jour, au cours de la période du grand carême, où il est prévu de célébrer la divine liturgie de saint Jean Chrysostome, en dehors des samedi où le calendrier indique une liturgie en mémoire des défunts (поминовение усопших).

Cette année 2024, la fête de l’Annonciation tombe le dimanche de la Croix. C’est pourquoi il n’y aura pas de liturgie de saint Jean Chrysostome pendant tout le grand carême, cette année, en dehors des samedi dédiés à la commémoration des défunts.

____________________________________

Au cours de la vie de chacun d’entre nous, reconnaissons, avec discernement, que nous avons reçu des petites annonciations, c’est-à-dire des moments où Dieu nous a fait connaître sa volonté ou son dessein à notre égard. Toutes ces petites annonciations, qui nous ont été conférées, de façon bienveillante par la providence de Dieu, ressemblent (mais de loin) à l’Annonciation que la Vierge Marie a reçue de l’ange Gabriel. Nous comprenons alors que Jésus peut naître en nous ; nous mesurons, à la faveur du carême, que nous devons nous efforcer de susciter la naissance du Christ dans notre cœur.

Toutes ces petites annonciations ont fait de nous des apôtres, des envoyés du Seigneur, afin de rendre témoignage (avec discernement) autour de nous, auprès de tous ceux que le Seigneur a mis sur notre chemin. A l’exemple de Marie qui a rendu aussitôt visite à Elisabeth, après que l’Ange Gabriel l’ait quittée.

____________________________________

La péricope d’évangile, qui est lue lors de la fête de l’Annonciation, nous fait entendre les mots qui sont contenus dans la prière que nous adressons, chaque jour, à la très Sainte Mère de Dieu :

« L’ange est entré chez elle et a dit : réjouis-toi, pleine de grâce : le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre toutes les femmes » (Lc 1,28).

Voici cette très belle prière que nous faisons monter à la personne de la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie (de la même façon que le texte de la prière du Notre Père est contenu dans l’Evangile, à deux endroits, chez deux auteurs différents) :

« Mère de Dieu, Vierge, réjouis-toi, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi : tu es bénie entre toutes les femmes et béni est le fruit de ton sein, car tu as enfanté le Sauveur de nos âmes ».

Amen

higoumène Alexis