dimanche 31 mars 2024

deuxième dimanche du grand carême

saint Grégoire Palamas

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Nous célébrons solennellement, en ce deuxième dimanche du grand carême, la commémoration de saint Grégoire Palamas, à la suite de la fête du triomphe de l’orthodoxie, célébrée dimanche dernier.

Saint Grégoire Palamas est né à Constantinople à la fin du treizième siècle.

A l’âge de vingt ans, il s’est rendu au mont Athos pour devenir moine.

Un peu plus tard, à cause des pirates turcs, il a quitté le mont Athos et il a trouvé refuge au mont Sinaï.

A l’âge de trente ans, il a été ordonné prêtre. Il est retourné alors au mont Athos.

A ce moment-là, il a été nommé higoumène du monastère d’Esphigménou. Mais son zèle et ses exigences spirituelles n’ont pas été compris par les deux cents moines de ce monastère.

Au bout de la première année de son ministère, à la tête de cette communauté monastique, il a démissionné pour revenir dans son ermitage. Plus tard, il a écrit plusieurs livres afin de répondre aux accusations d’un moine d’Italie appelé Barlaam.

Dans ses livres, il a montré que le jeûne et la prière sont le moyen par lequel chacun peut susciter l’irruption de la grâce, déposée en lui le jour de son baptême.

Il défendait la pratique des moines qui s’efforçaient, à travers la prière du cœur ou la prière de Jésus, de faire descendre l’intelligence dans le cœur puis de l’y maintenir durablement, autant que possible.

A la suite des saints Pères de l’Eglise, mais de façon plus claire et plus limpide, saint Grégoire Palamas distingue en Dieu l’essence imparticipable et les énergies participables par lesquelles le Seigneur fait participer les êtres créés à sa vie et à sa lumière.

A la suite de la guerre civile, le patriarche de l’époque a intenté un procès contre saint Grégoire, qui a été excommunié puis jeté en prison. Il est resté quatre années entières, enfermé dans une cellule de prison.

Plus tard, le nouveau patriarche a pris la défense de saint Grégoire et sa doctrine a été reconnue et acceptée par l’Eglise orthodoxe. Il a été nommé archevêque de Thessalonique.

Dans son activité pastorale, il insistait sur le lien étroit qui doit unir la prière et la vie sacramentelle pour chaque membre de l’Eglise.

A la fin de sa vie, il a été éprouvé par une grave maladie. Un peu plus tard, il a remis son âme à Dieu. Cent ans plus tard, la ville de Constantinople a été prise par les Turcs. Saint Grégoire a donc été le dernier grand témoin avant la chute définitive de l’Empire byzantin.

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Dimanche dernier, ou dimanche du triomphe de l’orthodoxie, la question centrale était l’incarnation de Dieu. Nous pouvons représenter le Fils de Dieu comme un homme sur les saintes icônes.

Aujourd’hui, dimanche dédié à la mémoire de saint Grégoire Palamas, la question centrale est la possibilité, pour l’homme, d’entrer en communion avec Dieu.

Dimanche prochain, troisième dimanche du grand carême, nous allons célébrer la fête de la Croix : ce sera le dimanche de la Croix.

Le signe de la Croix, au milieu du grand carême, doit nous encourager à poursuivre l’effort de l’ascèse, nous accorder le sens de notre vie sur terre et nous montrer, même de loin, l’espérance des biens à venir.

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Basile Krivochéïne est né en 1900. A l’âge de 25 ans, il a effectué un pèlerinage au Mont Athos avec d’autres jeunes orthodoxes (parmi eux, il y a avait en particulier Serge Sakharov, le futur archimandrite Sophrony) et il a décidé, alors, de rester au monastère russe Saint-Panteleïmon. Il a prononcé ses vœux monastiques et il a reçu le nom de Basile. Pendant cette longue période, qui s’est étalée sur 22 ans, il a appris le grec et il a étudié la théologie patristique. Il a écrit un livre consacré à saint Grégoire Palamas qui était, à l’époque, un théologien byzantin encore peu connu. Plus tard, il est devenu évêque du diocèse du Patriarcat de Moscou en Belgique, pendant 25 ans. Dans son livre sur saint Grégoire, Mgr Basile souligne l’aspect apophatique de la distinction entre la nature de Dieu (imparticipable) et les énergies de Dieu, incréées mais participables. Il s’agit, pour lui, d’une distinction réelle entre les deux, mais qui transcende les catégories simples de pensée humaine.

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Le septième concile œcuménique, réuni en 787, en plus d’avoir rétabli le culte des icônes dans les églises et dans les maisons, a jugé nécessaire de reconnaître également la vénération des reliques des saints martyrs. Aussi, les Pères de ce concile ont imposé, pour toute église, de disposer de reliques sur l’autel. Depuis ce concile, dans les églises orthodoxes, la divine liturgie n’est célébrée que s’il y a un antimension (антиминс) à l’intérieur duquel sont cousues des reliques des saints martyrs. Dans les premiers temps, le deuxième dimanche du grand carême était appelé « dimanche de la célébration des reliques ». Après la canonisation de saint Grégoire Palamas (en 1368), on a ajouté, pour ce dimanche, la célébration de la mémoire de saint Grégoire, archevêque de Thessalonique. Depuis, le culte des reliques est passé au second rang.

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Saint Grégoire Palamas a témoigné, dans sa vie pastorale et dans ses écrits, que l’homme, à travers la prière et l’ascèse, par le jeûne et la veille, en particulier, peut participer à la lumière incréée de la gloire divine, dès sa vie sur terre. Il n’est pas considéré comme hérétique par l’Eglise romaine mais il n’a pas été inscrit au nombre de ses saints. Pourtant, la pratique hésychaste, dont il a été le défenseur à son époque, est aussi ancienne que le monachisme. Même si de nombreux spirituels occidentaux se sont rapprochés de cette pratique hésychaste, celle-ci fait indéniablement partie de l’identité chrétienne orthodoxe.

Souvenons-nous des premiers mots du tropaire de Noël : « ta nativité, ô Christ notre Dieu, a fait resplendir dans le monde la lumière de la connaissance … ». Eh bien, s’agissant de la doctrine des énergies incréées de Dieu à laquelle nous pouvons participer durant notre existence sur terre, l’orthodoxie a apporté, ici, en Occident, la lumière de la connaissance —   свет разума.

Amen

higoumène Alexis