dimanche 3 mars 2024

41ème dimanche après la Pentecôte

le fils prodigue

 

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

« Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi ».

«отче, согреших на небо и пред тобою»

Saint Séraphim de Sarov nous a laissé cette parole tellement édifiante : « ce qui fait la différence entre un homme juste et un homme pécheur, c’est la détermination ». Un homme juste est capable de prendre une décision : c’est un homme courageux.

Cela nous est déjà arrivé de tomber dans le désespoir ou de connaître des afflictions : à un moment donné, une étincelle se produit, une lumière s’allume, notre conscience nous parle et notre intelligence prend alors une décision.

Son père l’a vu de loin, il a été ému, il a couru vers lui, il l’a embrassé et il lui a coupé la parole, si bien que le fils cadet n’a pas terminé ce qu’il voulait dire.

Son père a dit à ses serviteurs : ‘mon fils était perdu et il a été retrouvé, il était mort et il est revenu à la vie’. Dans deux mois, nous allons célébrer la résurrection du Fils de Dieu, c’est-à-dire son passage de la mort dans le tombeau à la vie.

Cela nous est déjà arrivé, pour chacun de nous, de connaître des résurrections, plus ou moins grandes, après des épreuves parfois difficiles : à travers le pardon, la guérison, la réussite, l’illumination, la grâce, etc.

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Le fils aîné n’a pas montré de la compassion lorsque son frère est revenu à la maison, il n’est pas parti à sa recherche, contrairement au Christ, Lui le frère aîné de tous les hommes, qui est allé chercher celui qui était perdu pour le ramener dans la maison du Père.

Le fils aîné s’est mis en colère et il a même montré de la jalousie. Il s’est situé à l’égard de son père dans une relation du devoir et non dans une relation d’amour.

Reconnaissons que nous avons pu ressentir, parfois, un peu de colère contenue lorsque l’Eglise a accueilli, avec joie et douceur, des pécheurs repentis et qu’elle les a accompagnés vers le mystère de la sainte communion.

Suivons l’exemple du père qui a montré de la compassion et dont l’attitude était remplie d’amour autant pour son fils cadet que pour son fils aîné.

Le fils cadet est parti pour un pays lointain : c’est la définition de notre condition humaine.  Dans ce temps de préparation au grand carême, le père Alexandre Schmemann nous enseigne que nous devons nous sentir loin de Dieu et loin de la vraie vie.

Nous devons nous sentir éloignés de la communion avec Dieu et aussi de la grâce divine que nous avons reçue le jour de notre baptême dans l’Eglise.

C’est aussi à cause de nos péchés, qu’ils soient petits ou grands, c’est aussi à cause de notre oubli et de notre négligence que nous nous détournons de l’amour que Dieu réserve à chacun d’entre nous.

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Hier soir, aux matines, juste après le chant des deux psaumes associés au polyeleos, nous avons entendu le psaume 136 qui est considéré comme le psaume de l’exil : les Juifs entonnaient ce psaume lorsqu’ils ont été emmenés en captivité à Babylone. Ils mesuraient combien ils étaient éloignés de la ville sainte de Jérusalem et ils y pensaient avec nostalgie.

En écoutant les paroles de ce psaume 136 et la mélodie si particulière de ce chant, nous mesurons combien nous nous sommes éloignés de Dieu et de la vraie vie que Dieu avait réservée pour nous.

Par le repentir – et le grand carême est justement une école du repentir — , si nous voulons bien accepter l’effort de le pratiquer, nous pourrons retrouver le chemin qui mène vers la maison du Père, et que le fils cadet de l’évangile a emprunté pour rentrer chez lui.

Le chant du psaume 136 sera entendu encore à deux reprises, le samedi soir, aux matines. C’est ici, à nouveau, une discrète invitation à assister à l’office des vigiles, qui prépare si magnifiquement au mystère de la communion eucharistique auquel nous sommes tous invités à participer, le lendemain matin.

« Au bord des fleuves de Babylone, là-bas, nous étions assis et nous pleurions, lorsque nous nous souvenions de Sion. (…).

Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? ».

 "на реках вавилонских, тамо седохом и плакахом, внегда помянути нам Сиона. (...).

како воспоем песнь господню на земли чуждей;"

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Saint Grégoire Palamas a écrit que le repentir est une attitude qui doit être permanente chez nous. Nous devons prendre conscience de la misère dans laquelle nous vivons dans ce monde afin d’éprouver le désir de tourner notre regard spirituel vers le Royaume de Dieu qui nous a été promis.

Contrairement au fils aîné qui a agi et qui a réagi, dicté par le devoir, c’est par amour que nous devons accomplir tout ce que Dieu nous demande de réaliser, dans notre vie sur terre, jusqu’à l’heure de notre mort.

Amen

higoumène Alexis