dimanche 21 avril 2024

cinquième dimanche du grand carême

sainte Marie l'Egyptienne

 

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,

« Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur ; et quiconque veut être le premier, qu’il soit l’esclave de tous » (Mc 10 ; 43-44).

Jésus a indiqué aux deux apôtres Jacques et Jean qu’ils connaîtraient un sort semblable au sien. Nous savons que Jacques a connu le martyre et que Jean a traversé des épreuves douloureuses.

Dans l’Eglise, nous devons plutôt suivre l’exemple du serviteur puis de l’esclave. Chacun de nous, dans son ministère, doit renoncer au pouvoir et à la domination, il doit accepter de servir dans les conditions les plus humbles.

La croix est inévitable, et c’est seulement par la croix que nous serons sauvés. Notre baptême nous a enseignés que nous devons porter notre croix et être prêts à mourir à nous-mêmes. Après la communion, lors de chaque liturgie, nous entendons ce chant d’actions de grâces :

« devant ta croix, nous nous prosternons ô Christ … car voici que, par la croix, la joie est venue dans le monde entier … ».

Reconnaissons que nous avons bien du mal à voir l’importance de la croix dans notre vie quotidienne. Alors, suivons l’exemple de la vénérable Marie l’Egyptienne qui s’est convertie après s’être prosternée devant la croix du Seigneur.

En tant que chrétiens, efforçons-nous de comprendre le mystère du Christ qui a offert sa vie et qui s’est abaissé jusqu’à la mort pour nous sauver.

Ainsi, chaque église, chaque paroisse, chaque communauté doit vérifier qu’elle se comporte et qu’elle agit comme son Maître, à savoir : le service aux autres et le don de soi pour les autres jusqu’à l’extrémité de nos forces respectives.

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« Ses nombreux péchés ont été pardonnés car elle a beaucoup aimé. Mais celui, à qui on pardonne peu, aime peu » (Lc 7,47).

Cette femme pécheresse, dans l’évangile, a embrassé les pieds de Jésus puis elle a versé du parfum sus ses pieds. Elle a agi de cette manière car elle a été aimée par Dieu, aussi ses péchés ont été pardonnés par Dieu.

C’est ce qui s’est passé avec sainte Marie l’Egyptienne : après avoir rencontré la Mère de Dieu et après avoir vénéré et embrassé la croix du Christ, elle s’est rendue dans le désert. Elle a traversé le Jourdain et elle a reçu le baptême de repentance.

Elle a passé le reste de sa vie sur terre, dans cet endroit, pendant quarante-sept années consécutives : dans la solitude, dans le jeûne, dans la prière et dans le repentir. Ses seuls soutiens étaient la Mère de Dieu et le Christ. A la fin, Dieu lui a pardonné tous ses péchés.

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Le repentir extraordinaire de sainte Marie l’Egyptienne a inspiré à saint André de Crète la composition du grand canon pénitentiel, qui est chanté deux fois pendant le grand carême : une première fois, en quatre parties, durant la première semaine ; et une seconde fois, en entier, le jeudi de la cinquième semaine.

Sa fête onomastique est fixée le premier avril mais les Pères de l’Eglise ont également consacré le cinquième dimanche du grand carême à sa mémoire.

Comme c’est indiqué plus haut, elle a vécu dans le désert pendant près d’un demi-siècle, sans rencontrer personne, ni homme ni animal.

Un jour, un saint vieillard, nommé Zosime, est venu de son monastère dans le désert, au-delà du Jourdain, pour y passer le grand carême. Il a aperçu mère Marie de loin.

Sainte Marie lui a raconté, avec larmes, sa vie puis sa conversion. Elle lui a demandé de revenir l’année suivante, précisément le grand Jeudi saint, avec la sainte communion.

Un an plus tard, Zosime a vu Marie apparaître sur l’autre rive du Jourdain. Elle a fait un signe de croix et elle a traversé le fleuve. Elle a communié en versant des larmes puis elle a prononcé le cantique de Siméon :

« Maintenant, ô Maître, tu peux laisser aller en paix ta servante, selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut » (Lc 2 ;29-30).

Puis elle a donné rendez-vous à Zosime l’année suivante, au même endroit.

Un an plus tard, Zosime a trouvé, à l’endroit convenu, le corps de sainte Marie étendu sur le sol, les bras croisés sur la poitrine, et le visage tourné vers l’Orient. Il a ensuite aperçu une inscription tracée sur le sol des mains de sainte Marie :

« Abbé Zosime, enterre à cet endroit le corps de l’humble Marie. Rends à la poussière ce qui est à la poussière, après avoir prié pour moi ».

«авва Зосима, порохони тело смиренной Марии на этом месте. возврати в прах то, что в прах, помолившись за меня».

Il faut relire, à cette occasion, le livre de la Genèse, à l’endroit où sont racontées la tentation et la chute de nos ancêtres Adam et Eve. Dieu s’est adressé ainsi à Adam :

« C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière » (Gen. 3,19).

«в поте лица твоего снеси хлеб твой, дондеже возвратишися в землю, от неяже взят еси: яко земля еси, и в землю отидеши».

Le vieux slavon d’église est une langue riche et merveilleuse : le mot пот veut dire sueur ou effort ; surtout, le mot земля signifie à la fois terre, pays et poussière.

Amen

higoumène Alexis