dimanche 14 avril 2024

quatrième dimanche du grand carême

saint Jean de l'Echelle

 

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Les disciples ont demandé à Jésus en particulier :

« Pourquoi n’avons-nous pu chasser cet esprit ? Il leur a répondu : cette espèce-là ne peut sortir que par la prière » (Mc 9,29).

Pour surmonter les épreuves, pour vaincre le Malin, notre seule force, pour nous chrétiens, se trouve dans la prière, c’est-à-dire dans le fait de se tenir en présence de Dieu dans la foi.

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Aujourd’hui, nous célébrons la mémoire de notre vénérable père théophore Jean le Sinaïte surnommé Jean de l’Echelle.

Pendant toute sa vie, il a pratiqué la prière comme le seul moyen d’être sauvé.

Il a mis sa foi dans le Christ qui lui a donné la victoire sur les souffrances et sur la mort car, dans le Christ, demeure la puissance du Dieu sauveur.

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Saint Jean de l’Echelle est né à la fin du sixième siècle. A seize ans, il a renoncé à la vie dans le monde, par amour pour Dieu, il s’est rendu au mont Sinaï et il est entré dans le monastère.

Il est devenu moine à vingt ans. Il a alors passé dix-neuf ans dans l’obéissance à un ancien. A la mort de cet ancien, il a continué à vivre dans la solitude et il a choisi un lieu isolé, situé à environ dix kilomètres du monastère.

Il est resté à cet endroit pendant quarante années. Sa seule occupation était la prière et l’attention du cœur. Son seul but était, comme il l’a écrit plus tard, de circonscrire l’incorporel dans une demeure corporelle.

Il luttait contre la tristesse selon le monde pour éprouver en lui, seulement, la tristesse selon Dieu.

Le Seigneur lui avait accordé la plus grande des vertus : la sainte et précieuse humilité.

Après avoir passé quarante ans dans le désert, saint Jean de l’Echelle a été chargé par Dieu de diriger le monastère situé au pied de la sainte Montagne du Sinaï et consacré à la très Sainte Mère de Dieu. Il en est devenu l’higoumène.

Un jour, l’higoumène d’un autre monastère lui a demandé d’écrire un livre qui soit un encouragement pour tous ceux qui ont choisi de suivre et d’imiter la vie des anges, afin d’obtenir le salut de leur âme.

Alors, saint Jean de l’Echelle a écrit un livre intitulé « l’Echelle » qui se présente justement comme une échelle tendue vers le ciel, composée de trente degrés. Cet ouvrage s’adresse autant aux moines qu’aux laïcs, et il constitue un guide de la vie angélique.

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Le quatrième dimanche du grand carême est consacré à saint Jean de l’Echelle depuis une période récente (le quatorzième siècle). Les Pères de l’Eglise ont placé sa commémoration le dimanche pour pouvoir célébrer la divine liturgie : en effet, le jour de sa fête étant le trente mars, si ce jour tombe un jour de semaine du grand carême, il n’y a pas de liturgie. En effet, pendant la période du grand carême, en dehors du samedi et du dimanche, et en dehors de la fête de l’Annonciation de la très Sainte Mère de Dieu, on ne célèbre pas de divine liturgie. Saint Jean de l’Echelle occupe donc une place très particulière parmi tous les autres saints dont la mémoire est célébrée pendant le carême.

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L’Echelle, ou l’Echelle sainte, est un ouvrage divisé en trente parties qui correspondent aux trente années de la vie terrestre du Christ. C’est un ouvrage inspiré de l’Echelle de Jacob :

« Et voici, une échelle était appuyée sur la terre, et son sommet touchait au ciel. Et voici, les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle » (Gen. 28,12).

Ce livre est lu, chaque année, dans les monastères orthodoxes, pendant la période du grand carême. C’est le seul livre qui ne soit pas biblique ni liturgique, mais qui est lu à l’église, pendant les offices. Ce qui n’est pas à mettre sur le même plan que le récit de la vie de sainte Marie l’Egyptienne, rédigé par saint Sophrone, patriarche de Jérusalem, et qui est lu au cours des matines du jeudi de la 5ème semaine.

Cet ouvrage, destiné à la lecture collective et personnelle durant tout le grand carême, est également lu dans le réfectoire. D’où la présence d’une fresque de l’échelle sainte, réalisée habituellement sur les murs du réfectoire des monastères orthodoxes.

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Voici quelques citations extraites de ce traité, qui correspond vraiment à l’Evangile mis en pratique :

« Le chrétien est celui qui imite le Christ, autant qu’il est possible à l’homme, en paroles, en œuvres et en pensées ».

« L’homme qui est arrivé à détester les joies mondaines a échappé à la tristesse de ce monde ».

« C’est par beaucoup de labeur et de fatigue que l’on parvient à établir solidement en soi de bonnes mœurs. Mais ce qui a été obtenu au prix de tant de fatigues peut se perdre en un instant ».

« Souvent aussi, une légère humiliation qui nous arrive amollit, adoucit et efface soudainement toute la rudesse, toute l’insensibilité, toute la dureté de notre cœur ».

« La pénitence est une restauration du baptême. La pénitence est une fille de l’espérance, et le renoncement au désespoir. La pénitence est la réconciliation avec le Seigneur par la pratique des bonnes œuvres contraires aux péchés commis. La pénitence est la purification de la conscience ».

« La pensée précède toute parole ; et le souvenir de la mort et de nos péchés précède les larmes et la componction ».

« L’affliction selon Dieu est une tristesse de l’âme, une disposition d’un cœur pénétré de douleur qui lui fait rechercher avec empressement ce dont il a soif ».

« Le commencement de la victoire sur la colère est le silence des lèvres, quand le cœur est agité ; le progrès en est marqué par le silence des pensées devant un simple trouble de l’âme ; et la perfection en est la sincérité de l’âme sous le souffle des vents impurs ».

Amen

higoumène Alexis