dimanche 28 avril 2024

entrée du Christ à Jérusalem

Dimanche des Rameaux

 

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,

La résurrection de Lazare, célébrée hier samedi, et l’entrée du Christ à Jérusalem et la fête des rameaux, célébrées aujourd’hui, sont deux jours qui occupent une place très particulière dans notre calendrier liturgique.

Ces deux journée sont situées en dehors du grand carême et aussi en dehors de la grande et sainte semaine. Ces deux jours sont également une pause festive avant l’épreuve des jours douloureux de la Passion du Seigneur.

Ces deux journées vont ensemble et marquent le commencement de la grande et sainte semaine de la Passion. Ces deux fêtes ou ces deux événements sont d’ailleurs réunis par un même tropaire.

Les quarante jours de jeûne sont terminés, le grand carême a pris fin et, à partir de demain, nous allons essayer de vivre pleinement la sainte et grande semaine de la Passion.

Chaque année, la sainte et grande semaine de la Passion est une expérience nouvelle. Dans notre Eglise orthodoxe, cette sainte et grande semaine est très belle, mais cette dimension esthétique n’est pas le plus important.

Pendant toute la semaine qui vient, nous allons revivre notre baptême qui nous a permis de porter une croix autour du cou et de devenir des disciples du Seigneur.

Jésus, en entrant à Jérusalem, était monté sur un ânon qui baissait la tête. Car le Christ est venu pour soulager, encourager et consoler tous ceux qui souffrent et qui supportent de lourdes épreuves.

Jésus, en entrant à Jérusalem, est venu vers nous et Il a voulu que nous acceptions sa volonté, en toutes choses, et que nous renoncions à notre propre volonté. Il attend de nous, surtout, une obéissance intérieure.

Les habitants de la ville sainte ont jeté leurs vêtements sur le chemin pour accueillir leur Maître. Nous aussi, jetons aux pieds de Jésus nos biens, nos habitudes, nos certitudes, notre réputation, nos désirs et nos projets.

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Pour nous, chrétiens orthodoxes, la mort devient un sommeil et le réveil devient résurrection. Nous savons bien que le mot « défunt » — усопший veut dire endormi et que le mot « dormition » — успение signifie endormissement, qu’il se rapporte à la mort des saints, en tout premier lieu, à la mort de Marie.

Le miracle, qui a été accompli par Jésus à Béthanie, a dépassé tous les miracles. Lazare était dans le tombeau depuis quatre jours et il commençait à sentir mauvais. Le Christ l’a alors délivré de la mort et aussi de la corruption.

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La résurrection de Lazare vient avant celle de Jésus dans le temps historique, au niveau de la chronologie des événements sur terre. Mais, en fait, c’est la résurrection du Christ qui précède celle de Lazare dans le temps éternel, au niveau de l’éternité des siècles, car le Christ est bien le premier-né d’entre les morts.

C’est l’apôtre Paul qui nous l’a enseigné, en particulier dans sa lettre aux Colossiens :

« Il [le Fils] est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. Il est la tête du corps de l’Eglise ; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier » (Col. 1 ;17-18).

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Le Christ a appelé Lazare hors du tombeau, Il a même crié d’une voix forte :

« Lazare, sors ! ».

Nous nous souvenons que, lors de la Création, le Fils de Dieu, en accord avec le Père et l’Esprit-Saint, a créé l’homme juste par la parole. Nous pouvons le lire dans le livre de la Genèse :

« Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, Il le créa à l’image de Dieu, Il créa l’homme et la femme » (Gen. 1,26-27).

Eh bien, aujourd’hui, le Fils de Dieu, par une seule parole, a rappelé à la vie Lazare qui était prisonnier de la mort et qui demeurait dans le tombeau depuis quatre jours.

Le sommeil ou l’endormissement de Lazare concernait la mort du corps. Nous devons être attentifs, chacun de nous, à ne pas tomber dans la mort de l’âme. Aussi, fuyons, autant que possible, la facilité, la familiarité, le confort et la mollesse, la paresse intellectuelle, l’oisiveté, le manque de projets, le manque d’énergie céleste, l’attachement au monde matériel et passager.

Tout au long du grand carême et aussi durant les trois premiers jours de la semaine sainte (les saints lundi, mardi et mercredi), nous avons prononcé souvent cette très belle prière de saint Ephrem le Syrien, notamment cette parole profonde :

« éloigne de moi tout esprit d’oisiveté, d’abattement, de domination et de vaine parole ». C’est justement cet esprit qui conduit à la mort de l’âme…

Aujourd’hui, le Christ, à travers son ami Lazare, cherche à nous réveiller et Il nous crie d’une voix forte : « Sors dehors, bouge-toi, dégage-toi du tombeau ».

Citons, encore une fois, une parole de l’apôtre Paul, cette fois dans sa lettre aux Ephésiens :

« Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’éclairera » (Eph. 5,14).

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Dans le récit de la résurrection de Lazare, entendu hier matin au cours de la divine liturgie, l’évangéliste Jean souligne des réactions de Jésus qui relèvent de sa nature humaine et qui révèlent une certaine faiblesse, voire une certaine fragilité du Fils de Dieu :

  • Il a confié à ses disciples : « Lazare, notre ami … »
  • Il a pleuré lorsque Marie l’a rejoint.
  • Il a frémi en son esprit et Il a été tout ému.
  • Il a demandé : « Où l’avez-vous mis ? ».

Quelques instants plus tard, le Christ, par sa nature divine, a délivré Lazare des liens de la mort en lui adressant juste une parole, d’une voix forte il est vrai :

« Lazare, sors ! ».

Ces manifestations de la nature humaine du Christ sont des encouragements pour nous qui entrons, à partir de ce soir (matines du lundi saint), dans la grande et sainte semaine de la Passion.

 

Amen

higoumène Alexis

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