dimanche 29 octobre 2023

21ème dimanche après la Pentecôte

saint martyr Longin, le centurion auprès de la croix du Seigneur

 

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

C’est Jésus qui nous parle : la semence, c’est la parole de Dieu. Pour que la parole de Dieu nous soit profitable, nous devons l’écouter, la retenir, avoir un cœur bon et être persévérant.

Il faut prendre au sérieux la responsabilité humaine.

Les dons de Dieu peuvent être la source de vie ou bien la source de mort : cela dépend des dispositions de chacun.

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Aujourd’hui, nous célébrons la mémoire du saint martyr Longin, le centurion qui se trouvait auprès de la Croix du Seigneur.

Il est un bon exemple de celui qui, avec un cœur bon, a entendu la parole de Dieu et a porté beaucoup de fruits.

Saint Longin était soldat : il a reçu l’ordre d’exécuter la Passion du Christ, puis de garder le tombeau. Il a été le témoin de plusieurs miracles.

En particulier : le tremblement de terre, les tombeaux qui se sont ouverts et les corps de nombreux saints qui ont ressuscité.

Il a vu ces miracles, ses yeux se sont ouverts et il s’est écrié d’une voix forte :

« Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu » (Mt 27,54).

« Vraiment, cet homme était Fils de Dieu » (Mc 15,39).

Puis il a été le témoin d’un autre miracle : le troisième jour, un ange est apparu aux saints femmes.

Les grands prêtres ont proposé de lui donner une forte somme d’argent. Il devait annoncer que les disciples étaient venus au cours de la nuit pour prendre le corps de Jésus pendant qu’il dormait.

Saint Longin a été illuminé par la lumière de la foi, il a cru en la résurrection, il a refusé l’argent, il a abandonné son métier et il a quitté l’armée. Il s’est rendu en Cappadoce, sa patrie, pour y propager la Bonne Nouvelle.

L’empereur a envoyé des hommes à la recherche de Longin. Ils l’ont trouvé et ils lui ont coupé la tête. Ils ont envoyé sa tête à Jérusalem comme preuve de sa mort.

Finalement, les reliques du saint martyr Longin ont été ramenées en Cappadoce et ont été placées dans une église construite en son honneur et en sa mémoire.

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Nous connaissons bien le prokimenon chanté à l’occasion de la mémoire d’un apôtre :

« Leur message s’en est allé par toute la terre et leurs paroles jusqu’aux confins du monde ».

Aujourd’hui, nous célébrons la mémoire de saint Jacques Netsetov, missionnaire en Alaska.

Son culte a été reconnu en 1994 par l’Eglise orthodoxe en Amérique (OCA), soit il y a un peu moins de trente ans en arrière.

C’est un autre exemple d’un serviteur de notre Eglise, qui a entendu la parole de Dieu avec un cœur bon, qui l’a retenue et qui a porté du fruit, par sa persévérance, comme nous venons de l’entendre dans l’évangile d’aujourd’hui.

Il est né au tout début du dix-neuvième siècle dans une île de l’Etat d’Alaska : son père était russe et sa mère aléoute.

Il a terminé ses études au séminaire d’Irkoutsk, en Sibérie, et il a été ordonné prêtre.

Il est revenu en Alaska où il a exercé son ministère pastoral pendant trente-six ans, dans des conditions de vie très précaires, parmi les populations indigènes.

Il a porté la parole de Dieu – c’est-à-dire la Bonne Nouvelle de l’Evangile – aux populations disséminées dans les îles aléoutes ainsi qu’aux esquimaux.

Il était animé par un grand zèle missionnaire. Il ne se contentait pas de baptiser. Il prenait soin de la vie spirituelle de ses fidèles, il les enseignait, il les accompagnait, il leur apprenait, en particulier, comment se préparer dignement à recevoir la sainte communion : par la prière, par le jeûne et par la confession.

Au cours de ses déplacements, il transportait avec lui une tente qui lui servait d’église de fortune … mais à condition que la température soit favorable. Si la température était trop basse, les saintes espèces (pain, vin) étaient congelées et la réunion des fidèles pour la liturgie n’avait pas lieu, malheureusement.

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Cette annotation concernant le pain et le vin m’amène à vous exposer deux remarques :

1°) Dimanche dernier, j’ai pu insister sur le fait que notre religion orthodoxe est une religion incarnée qui passe par le corps, la matière et le concret. Il n’y a rien d’intellectuel dans les offices liturgiques célébrés à l’Eglise.

A l’heure où l’on encourage le télétravail, les réunions en distanciel et les échanges dématérialisés, il est bon sans doute de rappeler que les sacrements – notamment la communion eucharistique – sont reçus éminemment dans l’Eglise, dans un lieu déterminé et sacré qui a vocation à être une icône du Royaume de Dieu sur terre. L’Eglise peut être un bâtiment, une tente ou bien un véhicule mobile : c’est en tout cas un endroit dédié et consacré, qui n’est ni banalisé ni domestique.

2°) Dimanche dernier, nous avons célébré la mémoire des saints Pères du septième concile œcuménique, qui ont défendu et conforté la place des icônes dans les églises et dans les maisons, en tant qu’objets de vénération. Le Christ, la Mère de Dieu et les saints peuvent être représentés, dessinés et peints sur de la matière (le bois) : cela constitue une sainte image qui nous renvoie à son modèle.

Ainsi, la matière peut être porteuse de la présence de Dieu : par exemple, l’eau bénite, l’huile sanctifiée, etc. Il n’y a pas lieu de mépriser la matière de la même façon qu’il ne faut pas mépriser le corps, qui est saint comme nous l’a enseigné l’apôtre Paul.

Notre Eglise orthodoxe se définit souvent comme l’Eglise des sept conciles œcuméniques.

Lors du premier concile œcuménique, les Pères ont affirmé que le Christ est consubstantiel au Père. Et lors du quatrième concile œcuménique, les Pères ont posé que le Christ représente une hypostase formée de deux natures : la nature divine et la nature humaine.

Dans la philocalie, nous trouvons chez un auteur une très belle image : le corps et l’âme, au début de notre existence, sont souvent en train de combattre l’un contre l’autre. La vie sur terre est l’occasion de faire que le corps et l’âme ne soient plus des adversaires mais qu’ils s’efforcent de former une personne ou une hypostase où chacune des deux parties est liée à l’autre : sans mélange ni confusion, sans division ni séparation. Lorsqu’on est arrivé là, sans doute a-t-on atteint la sainteté.

Amen

higoumène Alexis