dimanche 31 décembre 2023

30ème dimanche après la Pentecôte

dimanche avant la Nativité du Christ

dimanche des saints Pères

 

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Le dimanche avant la fête de la Nativité du Christ, les saints Pères de l’Eglise ont institué de célébrer la généalogie de Jésus-Christ.

Aujourd’hui, nous commémorons donc tous ceux qui, depuis Adam jusqu’à Joseph, le fiancé de Marie, ont annoncé l’Incarnation du Fils de Dieu.

J’ai choisi de vous parler, assez longuement, d’Abel, le second fils d’Adam et d’Eve. Il a été tué par jalousie par son frère Caïn et il est devenu la première préfiguration du Christ.

Abel était un berger et Caïn était un agriculteur.

Caïn a fait à Dieu une offrande des fruits de la terre. Abel a fait à Dieu une offrande des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse.

Caïn a offert à Dieu des fruits de la terre mais il a gardé les meilleurs fruits pour lui-même. Au contraire, Abel a offert, en sacrifice, les meilleures de ses brebis et, parmi les premiers-nés, leur graisse.

Dieu a porté favorablement un regard sur Abel et sur son offrande, mais Il n’a pas porté un regard favorable sur Caïn et son offrande.

Caïn en a été très irrité.

Dieu a dit à Caïn : pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu agis bien, tu relèveras ton visage et si tu agis mal, le péché va se coucher à ta porte. Mais toi, domine-le.

Caïn était triste parce que Dieu a accepté le sacrifice d’Abel, il était triste parce qu’il a envié le bonheur de son frère.

Dieu a encouragé Caïn à résister au mal, Il a exprimé envers lui sa miséricorde et Il ne l’a pas abandonné. Il lui a dit : mais toi, domine le péché !

Caïn a parlé avec son frère Abel puis, comme ils étaient dans les champs, Caïn s’est jeté sur lui et il l’a tué.

Dieu a dit à Caïn : où est ton frère Abel ? Il a répondu : je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère ?

Dieu a dit à Caïn : où est ton frère ? Dieu cherche à donner à Caïn l’occasion de se repentir, de demander pardon à Dieu pour ce qu’il a commis.

Où est ton frère ? Ah, comme Dieu est patient, comme Dieu est miséricordieux. Il a essayé d’amener Caïn à avouer son péché, afin qu’il puisse recevoir le pardon et trouver miséricorde sur terre.

Dieu a dit à Caïn : qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à Moi. Maintenant, tu seras maudit sur la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir le sang de ton frère, venant de ta main.

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La vie d’un berger, à l’image d’Abel, prédispose l’homme à penser davantage à Dieu que la vie d’un agriculteur.

Le berger se sent étranger sur terre tandis que l’agriculteur est attaché complètement au sol.

Le berger se repose davantage sur la volonté de Dieu et il a beaucoup de temps pour penser au Créateur de toutes choses. Le cultivateur se soucie beaucoup, il est sans cesse préoccupé, comme Marthe, la sœur de Marie, dans l’Evangile :

« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses » (Lc 10,41).

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Le croyant ressent le désir de faire une offrande à Dieu, de Lui offrir un sacrifice pour Lui demander pardon, pour Lui exprimer sa reconnaissance ou pour Lui rendre grâce.

Relisons le psaume 50 appelé psaume de repentance :

« Car si tu avais voulu un sacrifice, je te l’aurais offert, mais tu ne prends pas plaisir aux holocaustes. Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; un cœur brisé et humilié, Dieu ne le méprisera pas » (Ps 50 18-19).

Caïn n’a pas offert à Dieu les meilleurs fruits de la terre. Il a sans doute considéré ses péchés comme insignifiants lorsqu’il a présenté son offrande à Dieu. Il a même pu oublier qu’il était pécheur.

Dieu a accepté le sacrifice d’Abel et Il n’a pas agréé celui présenté par Caïn. Souvenons-nous que Jésus n’est pas venu appeler des justes mais des pécheurs et qu’Il nous a demandé de comprendre en profondeur le sens de cet enseignement :

« Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices » (Mt 9,13).

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Chacun de nous, nous sommes désireux de présenter une offrande au Seigneur et de Lui offrir des sacrifices.

Puisque nous allons célébrer la fête de la Nativité du Christ dans une semaine et que cet événement correspond à un nouveau commencement, nous pourrions peut-être mesurer l’importance de présenter au Seigneur un sacrifice qui lui soit agréable.

Saint Jean Chrysostome nous a enseignés que, pour grandir dans l’Eglise et pour progresser dans notre vie personnelle, il faut la conjonction des deux : la grâce d’en haut et l’effort d’en bas ; l’impulsion divine et la persévérance, la volonté et la décision du fidèle. Si l’un des deux manque, cela ne permet pas vraiment d’avancer.

 « Faites du bien, et prêtez sans rien espérer » (Lc 6,35).

Il faut comprendre ce verset, pas seulement dans nos relations avec les autres, mais aussi dans notre relation à Dieu : il faut rendre grâce à Dieu et Lui offrir des sacrifices, mais sans rien attendre en retour, ni rétribution, ni récompense, ni honneur.

Ce qui nous renvoie à un autre verset de l’évangile :

« Vous de même, quand vous aurez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire » (Lc 17,10).

Enfin, la parabole du pharisien et du publicain, que nous pouvons lire chez saint Luc (Lc 18 ; 9-14).

Le pharisien : il est debout, il prie, il est sans doute vertueux, il jeûne, il donne autour de lui une part de ses revenus. Mais son attitude n’est pas agréée par Dieu. Quand il revient du temple, il n’est pas justifié.

Le publicain : il se tient à distance, il se frappe la poitrine, on ne dit pas qu’il jeûne, on ne précise pas qu’il est généreux à l’égard des pauvres. Mais son sacrifice est agréé par Dieu : au retour du temple, quand il descend dans sa maison, il est justifié.

Pourquoi ? Une part d’explications tient au fait qu’il a fait preuve d’humilité : cette vertu si appréciée par Dieu, cette qualité surnaturelle qui n’appartient qu’au Seigneur et qu’ont pu revêtir les saints de notre Eglise.

Abel, le fils d’Adam et la première préfiguration du Fils de Dieu : lui aussi était humble, son sacrifice a été agréé par Dieu et il a été justifié. Lorsque la vie lui a été retirée sur terre par son frère de sang, il a été reçu dans le Royaume des Cieux comme un homme juste.

Amen

higoumène Alexis