dimanche 30 juillet 2023

mémoire des saints Pères des six premiers conciles oecumeniques

8eme dimanche apres Pentecote

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,

 

Aujourd’hui, nous célébrons la mémoire des saints Pères des six premiers conciles œcuméniques. J’ai choisi de vous parler du troisième concile œcuménique.

Cela s’est passé au début du cinquième siècle. Nestorius était évêque de Constantinople. Un jour, il a refusé de considérer Marie comme celle qui a enfanté Dieu.

Selon Nestorius, Jésus, qui est né de Marie, est seulement un homme, mais il n’est pas le Logos ni le Verbe de Dieu. Selon lui, Marie ne peut pas être appelée celle qui a enfanté Dieu.

A la même époque, saint Cyrille était évêque d’Alexandrie. Il a violemment rejeté l’enseignement de Nestorius. Il a proclamé qu’il était parfaitement correct de nommer Marie : celle qui a enfanté Dieu.

Le Fils de Dieu a été engendré par le Père avant tous les siècles. Il s’est fait homme, en prenant chair de la Vierge Marie. Le Fils de Dieu et le fils de Marie sont un, ils forment une seule et même personne.

Un petit groupe d’évêques, sous la conduite de saint Cyrille, a tenu un concile dans la ville d’Ephèse, pour affirmer que Marie est la Mère de Dieu et pas seulement la mère de l’homme Jésus.

Deux ans plus tard, les décisions de ce concile ont été reconnues et acceptées par les évêques orientaux. Ainsi, l’assemblée, qui s’était réunie à Ephèse, est devenue le troisième concile œcuménique.

 

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Notre paroisse, l’église Saint Serge, a été fondée en 1924, il y a donc près d’un siècle. A l’époque, le choix a naturellement été fait de prendre le slavon comme la langue utilisée pour les offices liturgiques.

Tout récemment, notre paroisse a adopté, en assemblée générale extraordinaire, de nouveaux statuts, en particulier pour se conformer avec les nouvelles dispositions réglementaires de la loi française relatives aux associations cultuelles. Le choix a alors été fait de confirmer le slavon comme la langue employée pour la célébration des offices liturgiques. Cela a été inscrit dans un article de nos nouveaux statuts.

Ce n’est pas un choix dicté par des considérations culturelles ; ce n’est pas, non plus, un choix motivé par des préoccupations d’ordre ethnique ou nationaliste ; c’est encore moins un choix exotique, pour faire joli ou bien pour faire ancien.

C’est un choix conscient, mûri, et profondément religieux, effectué par notre association cultuelle.

Lorsque les deux moines, saints Cyrille et Méthode, sont partis de Thessalonique pour évangéliser la Russie, leur mission a été guidée et bénie par Dieu. Ils ont proclamé la vérité de la foi chrétienne ; ils ont traduit l’Ancien Testament, l’Evangile, les livres liturgiques et des ouvrages de spiritualité en slavon, intermédiaire entre la langue vernaculaire et leur langue maternelle (grec ancien) ; ils ont fait construire des églises ; etc. Ils ont été canonisés et ils sont très vénérés dans notre Eglise orthodoxe.

Il est essentiel de conserver un lien étroit et durable,même et surtout pour les paroisses francophones, avec le slavon qui correspond à une sorte de valeur-étalon ou de repère absolu. En effet, sans exagérer, la mission menée par saints Cyrille et Méthode a permis de produire des textes inspirés et surtout fidèles à l’esprit de l’Eglise apostolique et à celui de l’Eglise primitive.

J’en donnerai un exemple. La prière du Notre Père a été enseignée par Jésus à ses disciples et elle est rapportée dans l’évangile selon saint Matthieu. Il y a une demande qui doit absolument être restituée de façon correcte :

« et remets-nous nos dettes comme nous les remettons aussi à nos débiteurs »

«и оставинамдолгинашя, якоже и мыоставляемдолжникомнашым»

Malheureusement, certaines traductions donnent pour cette demande la version tout à fait incorrecte suivante :

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.

 

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Il y a de nombreux mots, en slavon puis en russe, qui sont directement hérités du grec ancien :

— ange – ангел

— archange – архангел

— prêtre – иерей

— archiprêtre –протоиерей

— évêque – епископилиархиерей

— métropolite –митрополит

— patriarche – патриарх

— diacre – диакон

— Christ – Христос

— apôtre – апостол

— évangile – евангелие

— icône – икона

— etc.

Il y a en tout cas au moins un mot qui ne vient pas directement du grec mais qui a été traduit consciemment puis restitué dans la langue slavonne : c’est le mot Богородица – celle qui a enfanté Dieu, et qui est la traduction littérale du mot grec Θεοτόκος.

Cela prouve que la religion orthodoxe, et en particulier la religion orthodoxe de tradition russe, réserve à la Mère de Dieu un culte particulier et lui accorde une vénération spéciale. D’ailleurs, ce qui peut en être une sorte d’illustration, l’année liturgique commence par la naissance de la Mère de Dieu (fêtée le 8 septembre) et se termine par la Dormition de la Mère de Dieu (célébrée le 15 août).

 

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Saint Cyrille d’Alexandrie a répondu à Nestorius en affirmant solennellement que Marie est la Mère de Dieu et qu’elle peut être appelée la Mère de Dieu parce qu’elle a donné naissance au Verbe de Dieu fait chair, à une personne unique à la fois Dieu et homme, à une hypostase qui réunit en elle la nature humaine et la nature divine.

Le mot Θεοτόκος,ou le mot Богородица, sauvegarde l’unité de la personne du Christ. Si l’on refuse ce titre à la Vierge Marie, alors on partage le Christ incarné en deux personnes distinctes : d’un côté, l’homme Jésus, de l’autre le Fils de Dieu, le Logos, le Verbe — Словобожие.

Le mot Θεοτόκος,ou le mot Богородица, est essentiel dans le vocabulaire théologique de notre Eglise. Il a la même importance, dans la doctrine de l’Incarnation, que le mot « homoousios » ou единосущный ou consubstantiel, dans la doctrine de la Trinité, lequel est un héritage du premier concile œcuménique (le dimanche 28 mai, nous avons fait mémoire des saints Pères du premier concile œcuménique, il y a donc tout juste deux mois en arrière).

Oui, la Mère de Dieu, la Vierge Marie, est vraiment celle qui a enfanté Dieu.

 

Amen