mercredi 27 septembre 2023

fête de l'exaltation de la croix du Seigneur

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,

Nous avons entendu, hier soir, aux matines, des paroles du Christ extraites de l’évangile selon saint Jean :

« Marchez pendant que vous avez la lumière … » (Jn 12,35).

« Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez des enfants de la lumière » (Jn 12,36).

Le monde du mal et des ténèbres, le monde de l’incroyance, c’est une réalité qui concerne chaque homme et qui traverse chaque fidèle.

La victoire de Jésus contre le mal est réelle mais, pour chacun de nous, il s’agit de rendre cette victoire visible en nous et autour de nous.

Pour cela, il faut du temps, de la patience et de la persévérance.

L’apôtre et évangéliste Jean nous a laissé, dans sa première épître, ce constat qui est à la fois triste et vrai :

« Nous savons que nous sommes de Dieu et que le monde entier est couché dans le mal » (1 Jn 5,19).

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Aujourd’hui, la croix que nous vénérons, c’est, précisément, la croix sur laquelle Jésus a été crucifié pour notre salut.

Rappelons-nous que nous sommes sauvés par la Passion du Christ.

C’est l’occasion de méditer sur le mystérieux rapport qui existe entre la croix, sur laquelle Jésus a accepté d’être crucifié, et l’amour de Dieu pour le genre humain.

Lors de chaque liturgie, nous chantons cette parole tirée du symbole de foi :

« Je crois (…) en un seul Seigneur Jésus-Christ … (…) qui a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, qui a souffert et qui a été enseveli … ».

D’habitude, le prêtre, lorsqu’il porte la croix, sort du sanctuaire par les portes royales. Hier soir, pendant les matines, après la grande doxologie, il est sorti par la porte Nord en portant la croix au-dessus de sa tête, posée sur un plateau.

Ce rite de l’élévation de la croix, dans l’église, a pour nous une signification : la voie que nous montre la croix est une voie d’abaissement et d’humilité.

Souvenons-nous de la réponse qu’a donnée le Christ à ses disciples :

« C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup » (Mt 20,28).

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Au début de tout sermon, le prêtre prononce cette parole :

« Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ».

Ce n’est pas par pieuse habitude, c’est pour demander humblement que ses propos soient, autant que possible, inspirés et qu’ils glorifient les trois Personnes de la Trinité.

La Résurrection du Christ, ce n’est pas au cours de la nuit de Pâques qu’elle est rendue la plus perceptible dans son mystère. C’est le samedi matin, aux vêpres du samedi saint, suivies de la divine liturgie, quand l’église et les célébrants revêtent des ornements liturgiques blancs.

Comment célébrer, aujourd’hui, le triomphe universel et l’exaltation de la sainte croix du Seigneur, alors que le monde s’effondre autour de nous, que la foi chrétienne est chassée et que l’Eglise est reléguée, à la marge, quasi-absente de la vie au quotidien ?

Le père Alexandre Schmemann s’était déjà posé la question il y a plusieurs années en arrière.

Au fond, c’est sans doute maintenant, alors que l’Eglise, et plus particulièrement l’Eglise orthodoxe de tradition russe en Europe occidentale, c’est-à-dire notre archevêché, est privée de moyens, de richesses, de gloire terrestre, de soutien, qu’il faut célébrer l’élévation de la croix avec davantage d’intensité et de solennité.

Le Christ ne s’est pas incarné pour faire une entrée triomphale dans le monde, pour remporter une victoire visible, pour obtenir un royaume terrestre, etc. Croire dans la victoire de la croix, pour nous les fidèles, c’est croire, de façon discrète et authentique, qu’à travers Jésus calomnié, flagellé, méprisé, crucifié et condamné à mort, l’amour de Dieu s’est déversé dans le monde et que son Royaume s’est rendu à nouveau accessible à tous.

Certes, le mal et le Malin triomphent dans le monde, la foi se refroidit, les relations humaines deviennent quelquefois tendues, les calamités naturelles se multiplient (inondations, sécheresses, incendies, tremblements de terre, etc.), les guerres ou les menaces de guerres surgissent souvent.

Mais nous devons nous raccrocher à ce message d’encouragement que le Christ nous a adressé avant de monter volontairement sur la croix, au mont Golgotha :

« Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde » (Jn 16,33).  

Amen

higoumène Alexis